• Voyager seule en Inde

     

     

     

    Don't Worry... You're never alone

     

     

    Voyager seule en Inde

     

     

     

    Une fois de plus je rentre nourrie et imbibée de cette Inde que j'affectionne tendrement. Je suis sincèrement reconnaissante d'avoir la chance de vivre mes échappées indiennes avec un regard naturellement bienveillant et positif. Les plus de 20 millions d'indigènes qui habitent Mumbai semblent porter un regard tellement neutre sur toute cette effervesence qui leur est familière. J'aime jouir de ce recul, de cette distance qui me positionne au rang d'admiratrice, de spectatrice, tout en me replongeant dans mes souvenirs. Mes sentiments sont mitigés entre une profonde appartenance à cette terre et une évidente sensation de lui être étrangère. Tout ce qui m'entoure détient cette particularité, cette effluve d'extraordinaire.

    J'eus à disposition trois jours pleins sur Mumbai, puis deux demi-journées dans le nord. J'ai très peu dormi mais l'excitation et la joie de me retrouver là-bas me permirent de tenir le coup le temps de mener à bien mes affaires. Parfois les choses, les gens et les énergies semblent s'aligner si simplement, tout s'enchaîne à la perfection. Mon court séjour en avait ce goût-là. Aucune résistance, l'évidence se manifeste à tout instant. Au coeur de cette évasion ma boussole intérieure me fit emprunter un chemin inconnu, que j'explorai en mode "tout terrain"; rien ne semblait pouvoir, vouloir m'arrêter. Dans ces instants de grâce, je prends rapidement de la vitesse, alors pour ne pas que je perde le contrôle et ne m'égare dans un trop plein d'entrain, mes nombreux déplacements dans les embouteillages me servirent de frein.

    J'ai passé énormément de temps à naviguer d'un bout à l'autre de la ville, seule installée à l'arrière d'un taxi, la fenêtre grande ouverte. L'air était lourd, saturé d'odeurs et de bruits. Je m'entendais à peine penser, alors j'ai laissé mon regard se balader.

    J'aime me retrouver lâchée au beau milieu de cette mégapole que je connais bien mais parfois reconnais à peine. D'un voyage à l'autre des quartiers entiers se métamorphosent, le paysage se redessine sans trêve depuis des années. Mes chauffeurs empruntent des itinéraires surprenants, mon coeur se serre à tout moment, sur mes gardes, peu rationnelle, je redoute une embuscade ou une arnaque de compteur qui part en tornade. Je comprends vite que ce n'est pas mon sens de l'orientation qui me joue des tours et que je ne peux tout de même pas être la proie de tous ces vautours, mais que la configuration actuelle du réseau routier praticable ne détient plus rien de comparable. Travaux, manifestations, barrages de police, festivités, les artères de ce gros poumon économique semblent de toute part obstruées. Partout des constructions ont fleuri, le béton fait son nid...J'observe sans trembler les alentours de mon ancien lieu d'habitation en pagaille, les entrailles de Mumbai sont des feux de paille. Alors le temps que je passe dans la circulation me permet de m'accrocher à l'instant, je réapprends à faire confiance, à perdre le contrôle. Je m'attarde sur de si petits détails, j'attrape en vol des fragments de vie de milliers de gens qui soudainement passent, puis disparaissent.

     

     

    Voyager seule en Inde

     

     

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    L'envie me pique à tout moment d'immortaliser ce que mes yeux perçoivent avec tant d'exaltation, mais je m'efforce de rester connectée et de vivre mes ressentis plutôt que de regarder le monde au travers du petit écran de mon téléphone. Sans cesse tiraillée par cette envie de partage, de transmettre et de faire voyager, je me sens souvent frustrée de ne pas avoir su capturer l'essence de cette puissante vibration qui m'entoure, bien que je sache que la magie du souvenir demeure dans le coeur de celui qui vit une situation bien plus que dans l'oeil de celui qui ne fait qu'admirer un cliché. 

     

     

    Voyager seule en Inde

     

    Derrière ces rails & passerelles se trouve Dharavi, resté longtemps le plus grand bidon ville d'Asie. Sur le mur à gauche du camion, Chhota Bheem, personnage principal du dessin animé indien le plus populaire. À droite, une déclaration d'amour à quiconque apercevra ce coeur. Sur ce camion est écrit en hindi "PAWAN", "le Vent".

     

     

    Me suis-je sentie en danger ? Non. Je redoutais davantage l'idée d'être seule dans un avion que celle de me retrouver toute seule en Inde. Et puis je ne me rappelle pas avoir été seule un instant, d'ailleurs je défie quiconque d'essayer de trouver un endroit où s'isoler à Mumbai en dehors des wc d'un hôtel. Mumbai est une ville accueillante, rassurante, abondante, dans laquelle il est sincèrement aisé de se balader sans risquer de se faire agresser ou dépouiller. J'ai toutefois rapidement été consciente que j'agissais d'une manière inhabituelle lorsque je marchais dans les rues, ce qui signifie que malgré mon bagou et ma cool attitude, je m'étais inconsciemment branchée en mode "caméléon", camouflage et discrétion. Plus précisément j'évitais d'entrer en contact visuel avec les personnes, plus particulièrement les hommes, qui croisaient ma route, un language corporel instinctif gouverné par mon cerveau reptilien qui me fait penser à l'attendrissante technique des enfants qui pensent devenir invisibles lorsqu'ils se cachent les yeux. Et bien chez moi, c'est un réflexe que j'adopte parfois lorsque je me sens vulnérable ou hors de ma zone de confort, mais aussi lorsque je veux passer inaperçue ou ne pas être réceptive aux autres et aux éventuelles réactions que j'ai l'habitude de susciter en Inde. Le regard est un moyen de communication tellement puissant qu'en agissant ainsi j'ai l'impression de rompre le fluide d'énergie qui circule dans nos regards. 

      

     

    Voyager seule en Inde

     

    Premier essai d'une impression de (mon) portrait sur un grand carré de tissus. Surprenant rendu une fois drapé autour du cou. 

      

     

    De nombreux rendez-vous rythmèrent mon emploi du temps. Je suis sans cesse en vadrouille, croise des milliers de visages, grimpe dans des taxis de jour comme de nuit, me retrouve chez l'habitant, côtoie des commerçants, bois du Chai en négociant, dévale les petites ruelles, m'enfile dans un petit restaurant et repars de plus belle. Je rencontre des gens accueillants, mes interlocuteurs sont bienveillants, les passants traduisent spontanément en hindi mes requêtes à qui ne comprendrait pas mon anglais fantaisiste, des jeunes femmes me confient, complices et discrètes, le juste prix des babioles sur les marchés. Je n'ai pas peur. Je suis une étrangère à la maison.

     

     

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    Difficile de choisir quelle bague Ganesh ramener à mon mari.

    Le patron me sert de cobaye. La taille sera parfaite. 

     

     

     

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    Gurpreed, mon chauffeur dans le nord, un homme d'une grande gentillesse que j'avais déjà rencontré 2 ans plus tôt.

     

     

     

    Je reconnais avoir la chance de bénéficier du soutien de quelques précieuses personnes qui me simplifient le quotidien, me donnent accès à un confort et à des privilèges qui me permettent d'optimiser mon temps et de trouver de rapides solutions en cas d'entrave. Toute cette générosité me touche, je pense essentiellement à mes amis Vedant et Sam qui m'accueillirent chez eux avec affection et attention, chez qui il fut bon me réfugier après avoir rempli mes missions quotidiennes.  Leurs initiatives sont de ces petits rien qui représentent ces grands tout. Une carte SIM prête à l'emploi à mon arrivée, une rencontre importante organisée avec une entreprise locale que je n'arrivais pas à contacter, et une grande flexibilité dans leur organisation afin de m'offrir leur disponibilité pour m'accompagner dans mes démarches. Ils m'emmènent également voir un grand marché éphémère de vêtements & accessoires qu'ils imaginaient pouvoir nourrir mon inspiration. Je leur suis infiniment reconnaissante. 

     

     

     

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    Repas "Parsi" avec Sam et Vedant au Britannia Cafe, une institution à Mumbai.

     

     

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    Mumbai by night ... 

     

      

    J'ai donc vécu l'Inde en mode Don't Worry, comme écrit sur le mur devant lequel je me suis retrouvée arrêtée un instant. Le danger nous guette partout et nulle part précisément. L'Inde ne fait pas peur, elle n'est pas un prédateur, mais comme partout ailleurs il est essentiel d'agir et réagir avec bon sens, de faire preuve de prudence et d'éviter l'arrogance. 

     

     

     

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